Abstract(s) :
(Français) La littérature francophone connaîtrait-elle un raz-de-marée sous l’effet d’une création
langagière, inspirée d’une situation de bilinguisme, et irriguée par une résilience sociale et une
mutation culturelle sénégalaises ?
Native du village de Niodior (île du delta du Saloum, située à 200 km au sud de Dakar),
Fatou Diome s’emploie à fictionnaliser son être-au-monde, certes déterminé par la colonisation
et l’indépendance, mais aussi enraciné dans une tradition culturelle pré-coloniale et séculaire.
À travers une fiction qui s’écrit régulièrement depuis 2001 (romans, récits, nouvelles)
et un essai en 2017 (Marianne porte plainte !), Fatou Diome déroule un style et une pensée
innovants dans la sphère littéraire francophone, en assumant le rôle de « passeuse » entre les
rives (langues et cultures) françaises et sérères. Si les métaphores aquatiques sont légion (flots,
marées, barques (parfois, de la mort), mais aussi « Marine-Marchande-De-Haine »), ce travail
stylistique pourrait in fine concourir à l’originalité de l’œuvre : Diome, médiatrice ou passeuse
qui déplace les frontières ?
Notre étude permettra de dégager les lignes de force d’une création linguistique,
littéraire et culturelle francophone enracinée dans l’Histoire sénégalaise, et dont le moteur est
le bilinguisme, voire le multilinguisme (occurrences de langues sénégalaises, d’expressions
latines, de chansons espagnoles…).