Abstract(s) :
(Français) La participation citoyenne confrontée au digital : la complémentarité
des outils présentiels et numériques
DURIEUX Marianne – POULEUR Jean-Alexandre – SCOUBEAU Chantal – LAGO Noémie
Dans un monde qui évolue à grande vitesse grâce au numérique, les modes de vie et de présence
progressent. Les innovations technologiques induisent des changements économiques et
sociétaux (Beckouche, Bedin, 2019). La ville, devenant intelligente, voit en l’émergence
d’internet une opportunité de développement d’une société beaucoup plus ouverte, participative
et connectée. De nouveaux processus participatifs émergent, notamment via les Civic Tech1 qui
fournissent des plateformes de participation citoyenne numérique.
Le terrain d’étude choisi est celui du territoire wallon (Belgique). Plusieurs grandes villes
wallonnes ont voulu complétées leurs approches présentielles par des initiatives participatives
numériques. Ainsi, en 2017, la ville de Mons, a établi un processus de co-création de projet de
ville avec ses citoyens avec l’aide d’une plateforme numérique, tout comme Liège, créée par
CitizenLab. Aujourd’hui, La Louvière, avec l’application Fluicity, invite les citoyens à proposer
leurs idées pour l’avenir de la ville. La méthodologie utilisée pour appréhender ce terrain
nouveau et trop peu développé dans le cadre théorique, est inductive et s’appuie sur la Grounded
Theory (Glaser, Strauss, 1967).
Dans ce contexte, les processus traditionnels de participation citoyenne, dit présentiels comme
les ateliers participatifs, les réunions citoyennes, …, sont enrichis par les nouveaux outils
numériques. Tout d’abord, ces deux outils permettent de toucher différents publics. Ensuite, ces
plateformes numériques peuvent renforcer les conflits mais grâce à un mécanisme
d’objectivation et de mise en situation, elles peuvent aussi aider à l’apaisement des conflits. Le
digital peut faire gagner du temps en récoltant les nombreuses idées ou en faire perdre par une
telle multiplicité et complexité des données massives, ce qui implique des connaissances et des
compétences pour pouvoir les interpréter à bon efficient.2
Le digital permet d’agir hors de la présence physique. C’est un espace public sans limite où tout
le monde peut se connecter et discuter avec n’importe qui, n’importe où dans le monde,
n’importe quand (Ascott, 1998). C’est un espace illimité d’échanges et d’expressions, un
dédoublement de l’espace physique public mais non localisable. A contrario, les outils
présentiels agissent de manière locale, sur un territoire bien défini.
Le type de participation sollicité a un impact aussi sur cette complémentarité. Douay (Douay,
2016) propose une adaptation de l’échelle de la participation citoyenne d’Arnstein (Arnstein,
1969) aux nouveaux outils numériques. Cependant, au lieu de supprimer certains échelons,
l’échelle doit évoluer et profiter de l’apparition du numérique pour atteindre le dernier échelon,
qui est le contrôle du citoyen.
Aujourd’hui, les deux espaces de débats (online et offline) se confondent et compliquent la
compréhension du processus participatif et le traitement des informations. C’est une
hybridation de l’espace réel et virtuel, du territoire et des réseaux, du matériel et de l’immatériel,
d’une présence physique et digitale, … De plus, les rapports de pouvoirs sont transformés entre
les citoyens, les institutions, les acteurs privés, … Les associations qui mobilisent du présentiel
1 KNIGHT FOUNDATION, "Emergence des civic tech", https://www.slideshare.net/knightfoundation/knight-civictech
2 SCOUBEAU Chantal, DURIEUX Marianne, LAGO Noémie, POULEUR Jean-Alexandre, "Does Digital Citizen
participation allow a better taking into account of the needs of the Citizens ?" in "10th International Symposium "The
emergence of the Smart City: stakes, challenges, practices and impacts for public governance"", Esch-sur-Alzette/Belval,
Luxembourg (2019)
ont très peu de relations avec les Civic Tech. Comment le numérique peut-il renforcer les
mobilisations citoyennes sur le terrain ? Comment ces deux outils vont-ils se compléter ? Les
outils numériques facilitent-ils une approche plus collaborative et participative ?
Cette recherche s’intègre dans le cadre de la thèse de doctorat « La participation citoyenne (liée
aux enjeux urbanistiques) au temps du numérique et l’impact sur nos villes en Wallonie ».
Références :
ARNSTEIN, Sherry, 1969. A ladder of citizen participation. In : Journal of the American
Planning Association. Vol. 35, n° 4, p. 216‑224.
ASCOTT, Roy, 1998. L’esthétique de la cyberculture. In : Alliage. n° 33‑34.
BECKOUCHE, Pierre et BEDIN, Veronique, 2019. Les nouveaux territoires du numérique -
L’univers digital du sur-mesure de masse. S.l. : Sciences Humaines.
DOUAY, Nicolas, 2016. Planifier à l’heure du numerique. S.l. : Université Paris - Sorbonne.
GLASER, Barney G. et STRAUSS, Anselm L., 1967. The Discovery of Grounded Theory:
Strategies for Qualitative Research. S.l. : Aldine.